Pourquoi il est essentiel de continuer à investir dans les infrastructures d’énergie renouvelable en Afrique subsaharienne
La pandémie de Covid-19 a eu de graves répercussions sur les économies mondiales. Comme on pouvait s’y attendre, cette situation a également des répercussions (temporaires) sur les projets d’énergie renouvelable prévus et sur la demande en Afrique subsaharienne qui connaît une pénurie d’électricité abordable et fiable.
La baisse de la demande reflète le fait que diverses industries à travers le continent ont soit réduit leurs activités, soit complètement arrêté la production. Il est actuellement très difficile d’estimer combien de temps cette situation va durer et dans quelle mesure les entreprises pourront reprendre leurs activités au niveau où elles les avaient laissées avant la pandémie.
Cette situation exceptionnelle met les producteurs d’électricité de tout le continent face à un nouveau défi : pour la première fois dans l’histoire, certains fournisseurs d’électricité, comme les opérateurs de réseaux nationaux, ne demandent pas plus d’électricité, mais temporairement moins. Certains d’entre eux invoquent même la « force majeure » pour être libérés de leurs obligations contractuelles telles qu’elles sont définies dans les accords d’achat d’électricité.
Les fonds publics étant rares en toutes circonstances, et plus encore en cette période de crise, les investissements dans les infrastructures d’énergie (renouvelable) risquent d’être affectés au profit de projets répondant à des besoins plus pressants.
« Malgré les difficultés temporaires liées à la Covid-19, les décideurs politiques, les compagnies d’électricité, les donateurs, les investisseurs et les financiers en Afrique gagneraient à garder à l’esprit l’objectif à long terme, la planification et le soutien du secteur privé. Ainsi, les infrastructures d’énergie renouvelable supplémentaires dont on a tant besoin n’en seront pas affectées. »
Wilfred van den Bos
À l’échelle mondiale, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a prévu qu’en 2020, les ajouts nets de capacité d’énergie renouvelable diminueraient de 13 % par rapport à 2019 (pour la première fois depuis 2000), principalement en raison de retards dans la construction et de défis liés à la chaîne d’approvisionnement. En 2021, selon l’AIE, les énergies renouvelables devraient à nouveau faire preuve de résilience, car des projets retardés devraient être relancés.
Un nouveau rapport de l’Institut pour l’énergie durable en Afrique de l’université de Boston indique qu’il faudrait investir au moins 20 milliards de dollars US par an dans de nouvelles infrastructures énergétiques pour permettre aux pays africains d’atteindre un niveau minimal d’accès universel à l’énergie. Par ailleurs, ces investissements doivent être rapidement exploités et orientés vers la fourniture et l’approvisionnement en électricité au risque que la situation ne se détériore.
Les projets d’infrastructure sont par nature des projets à long terme. Compte tenu des difficultés supplémentaires liées au développement et à la construction, par exemple, de centrales hydroélectriques dans les zones rurales de l’Afrique subsaharienne, il peut facilement s’écouler 5 à 8 ans avant qu’un projet ne soit achevé et que l’électricité soit injectée dans le réseau.
« Le développement de l’infrastructure des énergies renouvelables reste fondamental en Afrique subsaharienne et soutiendra la reprise économique tant attendue. Une énergie abordable et propre nécessite une planification à long terme et ne devrait pas être compromise par les impacts temporaires de la Covid-19. »
Wilfred van den Bos
Si les gouvernements des économies émergentes cessent d’investir dans ce type d’infrastructures cruciales, cela risque d’avoir un impact négatif sur le développement durable pour les années à venir. D’ores et déjà, la Covid-19 devrait faire basculer 40 à 60 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. Les 840 millions de personnes vivant sans accès à l’électricité, principalement en Afrique subsaharienne, ont peu de chances de bénéficier de services de santé adéquats (comparer avec l’objectif de développement durable n° 7 des Nations Unies.En outre, leurs espoirs d’accroître leur prospérité seront gravement compromis à long terme.
Pour que le développement ne soit pas affecté négativement après la Covid-19, il est crucial de poursuivre les investissements dans les infrastructures d’énergie (renouvelable), en particulier en Afrique subsaharienne. Jusqu’à présent, les investisseurs internationaux publics et privés ont joué un rôle majeur par la fourniture de capitaux nécessaires. Bien que le lancement et la réalisation de nouveaux projets aient été temporairement affectés, les actionnaires de responsAbility Renewable Energy Holding (rAREH) dont la KfW, le Norfund et le Nordic Development Fund, ont exprimé leur soutien total à la poursuite du développement des infrastructures d’énergie renouvelable en Afrique subsaharienne. Pour la prospérité future de millions de personnes, il sera essentiel de maintenir ce flux de capitaux publics et de le compléter par des initiatives du secteur privé.